
L'Écho des Corridors: Quinze Ans à Guebre-Mariam
La première fois que mes petits pieds ont foulé la terre ocre du Lycée Guebre-Mariam, c'était en 1976. Addis-Abeba était alors une ville en pleine ébullition, imprégnée des effluves du jasmin et de l'incertitude politique, mais derrière les murs de l'établissement de la Mission Laïque Ethio-Française, un tout autre monde s'ouvrait à moi : un havre de paix, une bulle francophone au cœur de l'Éthiopie. Quinze années s'étendraient devant moi, façonnant l'enfant que j'étais en l'adulte que je deviendrais.
Je suis entré en maternelle, un petit garçon (ou une petite fille) intimidé(e) par la grandeur des bâtiments, l'agitation des cours de récréation où se mélangeaient déjà des dizaines de langues et d'accents. L'odeur du pain frais de la cantine, celle des crayons de couleur et du papier neuf, et le son si particulier des cloches retentissant à travers les jacarandas, sont les premières marques de mes souvenirs. Le Lycée Guebre-Mariam n'était pas une simple école ; c'était un microcosme, un carrefour de cultures où des enfants d'horizons divers – Éthiopiens, Français, Italiens, Grecs, Américains, et tant d'autres – se rejoignaient pour apprendre le français, les mathématiques, l'histoire de France, mais aussi celle de l'Éthiopie.
Les années primaires furent un temps d'innocence et de découverte. Sous la direction patiente de nos instituteurs, nous avons appris à lire et à écrire, à compter et à rêver. Les classes de CE2, CM1, CM2 se sont succédé, chacune apportant son lot de nouvelles amitiés, de premières rivalités, et de savoirs qui s'accumulaient. La cour principale, avec ses terrains de basket et son immense manguier qui offrait une ombre bienvenue, était le théâtre de nos jeux effrénés, de nos secrets chuchotés et de nos premières chamailleries.
Avec les années 80, est venue l'adolescence, et avec elle, une conscience accrue du monde qui nous entourait, au-delà des murs protecteurs de Guebre-Mariam. L'Éthiopie vivait des moments difficiles – la famine de 1984-85, la guerre civile latente, les défis du régime socialiste du Derg. Pourtant, à l'intérieur de l'établissement, nos débats de classes de seconde, de première et de terminale étaient fervents, nos lectures engagées, nos esprits avides de comprendre. Les cours de philosophie avec leurs longues discussions passionnées, les labos de sciences où l'on tentait d'apprivoiser l'infiniment petit, les heures d'histoire où l'on reliait la Seconde Guerre mondiale aux bouleversements locaux : tout concourait à nous forger une pensée critique et une ouverture d'esprit rare.
Guebre-Mariam, c'était aussi une ambiance unique. Le respect des fêtes éthiopiennes comme Timket ou Meskel, l'odeur du café fraîchement torréfié lors des cérémonies traditionnelles organisées parfois au sein même du lycée, se mêlaient aux célébrations de Noël ou de Pâques. On parlait amharique dans la cour d'école, avant de switcher au français pour le cours suivant. On apprenait la géographie des fleuves de France le matin et on discutait de l'Omo Valley l'après-midi. Cette dualité, cette richesse, est devenue une part indissociable de notre identité.
Les professeurs, eux, étaient des figures emblématiques. Certains venaient de France, d'autres étaient des locaux ou des expatriés établis de longue date, tous partageaient une passion pour l'enseignement et un engagement envers cette Mission Laïque qui, malgré les contraintes politiques, maintenait un niveau d'excellence. Ils étaient nos guides, parfois nos mentors, toujours les piliers de notre éducation.
L'année 1991 est arrivée, marquant la fin de mes quinze années à Guebre-Mariam. L'année du Baccalauréat, ce sésame qui ouvrait les portes de l'enseignement supérieur, souvent en France ou ailleurs en Europe. Ce fut une année intense, faite de révisions acharnées, de stress partagé et d'une douce mélancolie à l'idée de quitter ce lieu qui avait été mon foyer, ma deuxième maison. Mais 1991 fut aussi une année charnière pour l'Éthiopie elle-même, avec des changements politiques majeurs qui allaient redessiner le paysage du pays.
Aujourd'hui, tant d'années après, l'écho des corridors de Guebre-Mariam résonne toujours en moi. Les rires, les pleurs discrets, le craquement de la craie sur le tableau noir, les odeurs des bougainvilliers en fleur, la lumière particulière du soleil éthiopien filtrant à travers les fenêtres de la classe… Ces quinze années ont fait de moi plus qu'un(e) diplômé(e) : elles m'ont offert une double culture, une curiosité insatiable, une capacité à embrasser la complexité du monde et une famille d'âmes sœurs dispersées aux quatre coins du globe, liées à jamais par nos souvenirs de la Mission Laïque Ethio-Française. Guebre-Mariam n'était pas juste une école ; c'était une éducation à la vie, gravée en lettres d'or sur le parchemin de mon existence.
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Describe my time at the Lycée Guebre-Mariam, a French-Ethiopian Secular Mission school in Addis Ababa, Ethiopia, from 1976 to 1991 | Excerpt from an AI novel generator
Echoes of the Corridors: Fifteen Years at Guebre-Mariam
The first time my little feet touched the ochre earth of the Lycée Guebre-Mariam was in 1976. Addis Ababa was then a city in turmoil, steeped in the scent of jasmine and political uncertainty, but behind the walls of the Ethio-French Secular Mission school, a whole other world opened up to me: a haven of peace, a Francophone bubble in the heart of Ethiopia. Fifteen years would unfold before me, shaping the child I was into the adult I would become.
I entered kindergarten, a little boy (or girl) intimidated by the size of the buildings, the bustle of the playgrounds where dozens of languages and accents already mingled. The smell of fresh bread from the cafeteria, the scent of colored pencils and new paper, and the distinctive sound of the bells ringing through the jacaranda trees are the earliest traces of my memories. Lycée Guebre-Mariam was not just a school; it was a microcosm, a crossroads of cultures where children from diverse backgrounds—Ethiopians, French, Italians, Greeks, Americans, and so many others—came together to learn French, mathematics, French history, and also the history of Ethiopia.
Primary school was a time of innocence and discovery. Under the patient guidance of our teachers, we learned to read and write, to count, and to dream. The third, fourth, and fifth grades followed one another, each bringing its share of new friendships, first rivalries, and accumulated knowledge. The main courtyard, with its basketball courts and its immense mango tree offering welcome shade, was the stage for our boisterous games, whispered secrets, and first squabbles.
The 1980s brought adolescence, and with it, a growing awareness of the world beyond the protective walls of Guebre-Mariam. Ethiopia had experienced difficult times—the famine of 1984-85, the simmering civil war, the challenges of the Derg's socialist regime. Yet, within the school walls, our debates in grades 10, 11, and 12 were fervent, our lectures passionate, our minds eager to understand. The philosophy classes with their long, passionate discussions, the science labs where we tried to tame the infinitely small, the history lessons where we connected World War II to local upheavals: all of this contributed to forging in us a rare critical mind and open-mindedness.
Guebre-Mariam also offered a unique atmosphere. Respect for Ethiopian holidays like Timket and Meskel, the aroma of freshly roasted coffee during traditional ceremonies sometimes held right there in the school, mingled with the celebrations of Christmas and Easter. Amharic was spoken in the schoolyard before switching to French for the next class. We learned about the geography of French rivers in the morning and discussed the Omo Valley in the afternoon. This duality, this richness, became an integral part of our identity.
The teachers, for their part, were iconic figures. Some came from France, others were locals or long-established expatriates; all shared a passion for teaching and a commitment to this secular mission school, which, despite political constraints, maintained a level of excellence. They were our guides, sometimes our mentors, always the pillars of our education.
The year 1991 arrived, marking the end of my fifteen years in Guebre-Mariam. It was the year of the Baccalaureate, that key that opened the doors to higher education, often in France or elsewhere in Europe. It was an intense year, filled with relentless revision, shared stress, and a gentle melancholy at the thought of leaving this place that had been my home, my second home. But 1991 was also a pivotal year for Ethiopia itself, with major political changes that would reshape the country's landscape.
Today, so many years later, the echoes of the Guebre-Mariam corridors still resonate within me. The laughter, the quiet tears, the crunch of chalk on the blackboard, the scent of blooming bougainvillea, the unique light of the Ethiopian sun filtering through the classroom windows… Those fifteen years made me more than a graduate: they gave me a dual cultural background, an insatiable curiosity, an ability to embrace the world's complexity, and a family of kindred spirits scattered across the globe, forever bound by our shared memories of the Ethio-French Secular Mission. Guebre-Mariam wasn't just a school; it was an education in life, etched in gold on the parchment of my existence.
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